Afrique

CADTM Afrique : appel à l’audit et à l’abolition des dettes illégitimes

La troisième Université du Réseau CADTM Afrique (Comité pour l’Abolition des Dettes illégitimes) s’est tenue dans la ville de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), du 28 au 30 octobre 2021 sous le thème : « L’impact des politiques financières européennes et des stratégies de coopération au développement sur le Sud et les alternatives possibles », en vue des audits citoyens des dettes publiques et l’abolition des dettes illégitimes.

Cette rencontre, destinée à la formation des membres du Réseau CADTM et toutes les participant-e-s et sympathisant-e-s, a permis des échanges entre les soixante-dix (70) militantes et militants venu-e-s des douze (12) pays africains (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon, Guinée Conakry, Mali, Maroc, Niger, Togo, Kenya et République démocratique du Congo).

Le mécanisme de la Dette comme système de transfert des richesses du Sud vers le Nord et ses conséquences sur la vie des peuples de notre continent dans le contexte actuel de la pandémie liée au COVID 19 ont été au centre des travaux de cette université.

Nous, mouvements sociaux réunis à cet effet à Kinshasa, en République démocratique du Congo, avons au cours de cette édition à traiter de plusieurs thèmes qui touchent les problèmes qui entravent le développement de l’Afrique. Ainsi, nous avons parlé des multiples aspects que prennent ces problèmes : la dette et ses effets en termes d’austérité et de surexploitation des ressources, les accords de partenariat économique, les partenariats public-privé, les dettes privées et le microcrédit, mais également des alternatives que nous devons mettre en œuvre, les perspectives féministes et populaires, l’audit citoyen de la dette. Les expériences de résistance des populations de la communauté d’Inga contre le projet de barrage « grand Inga » ont été exposées par leurs représentant·e·s. Ce projet les dépossède de leurs terres, de leurs bétails, de leurs activités agricoles, de leur pêche et de leurs identités culturelles. Ce projet contribuerait à l’augmentation de l’endettement du pays avec des effets de déplacement forcé des populations sur le moyen et le long-terme.

Nous réaffirmons la nécessité d’élargir le front social commun entre le Nord et le Sud

L’actualité et l’importance de ces problématiques, analysées en séances plénières d’une part et auprès du monde académique et parlementaire d’autre part, nous amènent à réaffirmer la nécessité d’élargir le front social commun entre le Nord et le Sud. La construction croissante de résistances et d’alternatives à travers les mouvements sociaux que nous représentons constitue, déjà aujourd’hui, et constituera à l’avenir, les forces nécessaires pour mettre au diapason dans un nouveau paradigme les logiques de dépendances dans laquelle le système capitaliste et le système dette tentent de nous emprisonner.

En conséquence, nous, mouvements sociaux réunis durant ces trois jours, avons remarqué une fois encore :

  • Qu’au-delà des effets d’annonce d’annulation de la dette par les pays dits développés et autres institutions de Bretton Woods, les encours actuels et le niveau d’évolution de l’endettement sur le continent et ailleurs laissent planer ou présager de gros risques de surendettement dans de nombreux pays africains au regard de la crise liée à la pandémie du COVID 19 ;
  •  Que les accords de libre-échange constituent des instruments en faveur des grandes puissances capitalistes et des multinationales du Nord et qu’à ce titre ils représentent des accords commerciaux néocoloniaux contre les peuples ;
  •  Que les Partenariats Public-Privé (PPP) ne seraient apparaitre comme une alternative nécessaire et suffisante pour enclencher définitivement le développement en Afrique mais plutôt constituent la forme la plus achevée de maintien des peuples africains sous le joug de la dépendance, de l’endettement et de l’exploitation continue ;
  •  Que les luttes féministes face à la politique macroéconomique Africaine sont des opportunités offertes par la crise de la dette pour corriger les défaillances actuelles ;
  • Que l’économie politique de l’accumulation de la dette africaine à l’examen des relations de pouvoir dans la contraction de la dette n’a subi aucune variation avec les acteurs même si les jeux sont différents.

Pour l’ensemble des raisons susmentionnées, le réseau CADTM Afrique exige :
L’arrêt et l’annulation des contrats de concession de nos États avec les multinationales ;
L’arrêt du développement du projet « grand Inga » qui ne profite pas au peuple Congolais et compenser les victimes de Inga 1 et 2 pour tous les préjudices sociaux et environnementaux qu’elles subissent ;


  • L’arrêt de la vente des titres de dettes publiques sur les marchés financiers des pays les plus industrialisés aggravant la situation d’endettement des pays du Sud ;

  • L’arrêt de l’émission d’euro-obligations que certains de nos États (le Cameroun, la RD Congo, la Côte d’Ivoire, etc.) sont en train d’effectuer sur le marché international des capitaux ;

  • La renationalisation de toutes les sociétés d’État qui ont été privatisées sous la pression du FMI et la Banque mondiale et contre les intérêts des Africains ;

  • La constitutionnalisation de la transformation locale de toutes les matières premières africaines ;

  • La création d’une Banque du Sud pour mettre fin à la balkanisation monétaire africaine et l’atomisation ridicule des Banques centrales africaines ;

  • L’arrêt immédiat de l’accaparement des terres et leur restitution ou des compensations justes et équitables, du pillage des ressources naturelles de la République démocratique du Congo et du continent africain ne profitant qu’à une élite locale et internationale ;

  • La mise en place des politiques publiques sociales et environnementale basées sur la redistribution des richesses pour garantir la justice sociale et climatique ;

  • Le respect des droits humains fondamentaux, aussi bien à travers le droit à la libre circulation et d’établissement des personnes, qu’à travers le droit à mener une vie digne ;

  • La levée des brevets sur les vaccins, plus particulièrement ceux contre le covid-19, pour une vaccination universelle gratuite associée à une augmentation du budget alloué au secteur de la santé en personnel et infrastructures ;

  • L’abolition de toutes les formes d’oppression (sociale, patriarcale, néocoloniale, politique, etc.) afin de promouvoir un développement autour des priorités et spécificités des peuples de l’Afrique ;

  • La souveraineté économique, politique et alimentaire des peuples ;

  • Nous revendiquons aussi l’abolition des dettes privées illégitimes (microcrédit, dette étudiante, dette paysanne…).
  • Nous appuyons ces revendications par la mise en place d’audits citoyens de la dette extérieure et intérieure publique des États pour en déterminer les parts illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables et de procéder à leur abolition pure et simple ;
  • En ce jour où s’ouvre le sommet du G20 en Italie avec pour ordre du jour la dette des pays du Sud, nous soutenons la position de l’annulation inconditionnelle des dettes et non des moratoires comme ils l’ont toujours souhaité. D’ailleurs, cette dette bilatérale ou multilatérale dont une grande partie est illégale et illégitime, ne représente en soi qu’une infime portion des capitaux de ces grandes puissances par rapport aux opérations de sauvetage des banques pendant la crise financière de 2010. L’annuler ne constitue qu’un acte de justice ;
  • Concernant le sommet sur le climat-cop 26, à Glasgow en Écosse fin octobre 2021, l’Université du CADTM est de cœur avec tous les mouvements sociaux en contre-sommet. Cette 3e édition se déroule dans un pays dont la forêt équatoriale joue un rôle de régulateur important sur l’environnement mondial reconnu. C’est d’ailleurs le cas pour toutes les autres nations dont le rôle est prépondérant dans la stabilisation du climat. Nous exigeons à cet effet, une reconnaissance de ce rôle et la compensation équitablement (CF fonds climat) ;
  • Nous exigeons le respect des engagements des puissances polluantes pour la stabilisation du climat et le paiement de la dette écologique.
  • Nous, mouvements sociaux du Sud comme du Nord, nous nous engageons à poursuivre ce combat en développant notre solidarité pour que toutes nos luttes légitimes constituent les piliers du monde de demain. Car pour nous,
Les participants à l’Université du CADTM Afrique, Kinshasa, Octobre 2021

UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE ET, À CET EFFET, NOUS NE DEVONS RIEN, NOUS NE PAIERONS RIEN.

Fait à Kinshasa, le 30 octobre 2021

Pour le Réseau CADTM AFRIQUE

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Afrique

Résistances Africaines à la Domination Néocoloniale

Par Charles et Alo

L’histoire des peuples est marquée de dominations et de résistances. Il n’est donc de Liberté, qui ne soit le fruit de luttes intenses et de sacrifices profonds : la prise de la bastille pour mettre fin au pouvoir absolu du roi Louis XVI en France, les guerres de résistances contre la colonisation en Afrique, les mouvements de la négritude etc. Certains humains ont la propension à piller et manipuler d’autres pour s’affirmer et se garantir une meilleure vie, n’en déplaise au déséquilibre que cela engendre dans l’humanité. C’est le cas de l’Afrique qui, malgré les sévices de l’esclavage et de la colonisation, continue d’être pillée et torpillée par des puissances étrangères dans un sorte de nouvelle colonisation. Le livre « Résistances Africaines à la Domination Néocoloniale » est une sorte de dictionnaire des grands maux contemporains de l’Afrique ainsi que les stratégies de résistances qui s’organisent tant sur le continent que dans le monde. Ce travail est réalisé par un creuset d’auteurs de plusieurs origines (Europe, Afrique), pour sensibiliser le monde sur les enjeux de l’heure dans les luttes sociales. 

Le livre Résistances Africaines à la Domination Néocoloniale, révèle les faiblesses ou les problèmes auxquels l’Afrique est perpétuellement confrontée. Il émet aussi des approches de solutions envisageables pour l’épanouissement de la jeunesse et le développement du continent. Par un de ses membres,  ATTAC-Togo a contribué à ce grand projet coordonné par Martine BOUDET d’ATTAC-France. C’est aussi l’illustration de la collaboration intime entre les mouvements sociaux d’Afrique et ceux d’Europe, notamment la France.  

Présentation du livre Résistances Africaines à la Domination Néocoliale à ATTAC-Togo

Les défis du continent africain abordés par ce livre, peuvent être classés sous divers aspects

  • L’aspect politique

Il s’agit ici de la mauvaise gouvernant, la violation répétée des Constitutions, le non respect des droits de l’Homme, la manipulation des élections, la dictature, la corruption la gabegie sont parmi des points qui sont développés par le livre, relatant ainsi les supplices des peuples africains qui ont très peu de marge de résistance face à des pouvoirs autoritaires, armés et entrainés par les puissances étrangères, principalement la France pour le cas des pays d’Afrique francophone. 

  •  L’aspect culturel

La perte des vestiges africains, la négligence de la plupart des sites touristiques et l’acculturation de la jeunesse africaine; l’abandon des us et coutumes; la destruction et diabolisation des lois et moralités traditionnelles, le tout aspergé d’un mode de vie et de valeurs culturelle orientés vers l’occident, de sorte à faire des Africains, des consommateurs de l’industrie occidentale. 

  •  L’aspect social 

Le livre résistances africaines à la domination néocoloniale met un accent sur le chômage, l’immigration clandestine la famine, la quasi inexistence d’eau potable ou de l’eau tout court, ainsi que le manque ou l’insuffisance des infrastructures. Ce tableau qui fait des victimes à chaque seconde, ne semble guère émouvoir les gouvernants africains et leurs partenaires des institutions de Bretons Woods engagés dans des conspirations économiques dites d’investissement et de croissances à deux chiffres toujours constatées que sur les papiers, pendant que les budgets gouvernementaux sont absorbés pour le remboursements de dettes. Mais l’on ignore à quoi ces dettes ont servi, alors que les investissements sociaux sont relégués aux oubliettes, faisant juste l’objets de promesses électorales 

  • L’aspect économique 

 Là se développe la problématique liée a l’adoption de la nouvelle monnaie unique : l’ECO.  Un baillage a été également fait sur les accords, les prêts, ou encore les dettes illégitimes, la mauvaise gestion et répartitions des ressources minières ne sont pas exclues.

  • L’aspect écologique 

L’Afrique (4% de pollution) est victime d’une pollution engendrée par l’occident.  Bien que possédant les ressources minières, le continent ne possède pas assez de technologie de transformation comme c’est le cas pour les pays riches qui ont occasionné la pollution et la dégradation de l’environnement. Quoique que les riches (Europe, USA, Chine etc.) polluent de plus belle, les conséquences dramatiques frappent davantage l’Afrique qui n’a quasiment pas de moyens de riposte. Les anomalies climatiques, l’irrégularités des pluies, la sècheresse, le déboisement créent davantage de déséquilibre en Afrique, où l’agriculture est complètement dépendante de la pluviométrie. Si seulement les grands pollueurs pouvaient tenir leur engagement et payer la dette écologique, cela permettrait de financer la résilience dans les zones des pays pauvres, les plus dévastée par les changements climatiques. 

L’aspect religieux

La religion, est facteur de plusieurs problèmes en l’occurrence le terrorisme grandissant. La divergence religieuse n’est pas conçue de la même façon dans plusieurs pays africains. Les deux religions les plus connues et qui se trouvent être importées, le christianisme et l’islam deviennent aujourd’hui un moyen de manipulation et d’abrutissement de la population africaine.

Présentation du livre

Malgré les stratégies et la force des oppresseurs, plusieurs mouvements en Afrique et dans la diaspora s’organisent. Comprendre chaque problématique, analyser tous les aspects de la situation et sensibiliser la jeunesse, serait le meilleur moyen d’apporter sa part de contribution aux mouvements de résistances africaines face à la domination néocoloniale. C’est la conclusion suite à la deuxième présentation du livre Résistances Africaines à la Domination néocoloniale organisée par l’équipe d’Attac-Togo. 

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